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Mieux comprendre la problématique du suicide

Facteurs de risque & facteurs de protection

Bien que le suicide soit un geste individuel, il s’inscrit dans un contexte plus large d’interactions entre la personne, sa communauté immédiate et la société en général. Le suicide est multifactoriel.  Avoir des idées suicidaires peut arriver à tout le monde, mais il existe des facteurs prédisposants, contribuants et précipitants pouvant ébranler une personne et la mener à vivre une détresse suicidaire, tout comme il existe des facteurs de protection qui peuvent l’aider.

Mythe ou réalité ?

Les personnes suicidaires sont formellement décidées à mourir.

Mythe : la personne suicidaire veut cesser de souffrir et non de mourir. En fait, la personne suicidaire est ambivalente quant à son désir de vivre et son impossibilité à continuer de souffrir. Ici, l’enjeu est la capacité d’espérer un changement à sa situation.

Il faut être lâche ou courageux pour se suicider.

Mythe : Quand on pense au courage et à la lâcheté, on pense en termes de choix et l’on projette notre propre conception du suicide sur l’autre. Or, une personne ne se suicide pas par choix, mais par manque de choix. La personne suicidaire n’y voit là ni courage, ni lâcheté: sa vie lui est insupportable, elle a atteint sa limite de tolérance face à sa souffrance et elle ne voit plus d’autres façons d’arrêter de souffrir.

Lorsqu'il y a un suicide dans une famille, les membres de la famille deviennent plus à risque.

Réalité : Sans entrer dans le débat des causes biopsychosociales du suicide, il est important de souligner que la crédibilité octroyée aux comportements des proches peut induire l’imitation du geste. Ainsi, un suicide ou une tentative de suicide au sein d’une famille peuvent être perçus par les autres membres comme une façon possible de résoudre leurs problèmes.

Parler du suicide encourage le passage à l’acte.

Mythe : Le suicide est un sujet dérangeant dont on parle difficilement. Pourtant, c’est en parlant du suicide que l’on peut démystifier ce sujet et parvenir à aider une personne suicidaire. Demander directement si une personne songe au suicide, ce n’est pas lui suggérer l’idée, mais lui ouvrir la porte à l’expression de sa souffrance. Parler du suicide, oui, mais pas n’importe comment! On doit éviter de banaliser le sujet, de mettre au défi une personne de se suicider ou de louanger quelqu’un qui s’est suicidé en qualifiant son geste d’héroïque.

Le suicide se produit sans avertissement.

Mythe : Le geste suicidaire n’est pas spontané. Il est l’aboutissement d’un processus qui comprend le développement des idées suicidaires ainsi que la fixation sur ces idées jusqu’à l’élaboration d’un plan précis. Durant ce processus, la personne suicidaire émet différents messages et signaux. En fait, la majorité des personnes manifeste son désespoir avant de passer à l’acte.  On doit noter cependant que chez les adolescents et les personnes de nature impulsive, ce processus peut parfois se dérouler dans un laps de temps plus court.

L’amélioration à la suite d'une crise signifie que le danger est passé.

Mythe : Il se peut qu’une personne en crise suicidaire semble momentanément soulagée et paraisse de bonne humeur, mais cela ne signifie pas que le danger est écarté. Au contraire, une amélioration soudaine dans un processus suicidaire peut indiquer une urgence élevée. Soit la personne a décidé de montrer des signes de mieux-être pour rassurer son entourage ou encore, sentant sa souffrance tirer à sa fin, elle ressent un réel soulagement. Il faut être très vigilant et tenter de vérifier quels sont les dénouements favorables à l’origine de ce changement de comportement.

Toute personne suicidaire paraît déprimée.

Mythe : Bien que la personne suicidaire soit la plupart du temps en période dépressive, toutes ne présentent pas nécessairement des signes de dépression. Au contraire, certaines personnes paraissent dures et insensibles alors que d’autres sont de bonne humeur et très actives. Il faut faire attention, car ces comportements peuvent servir à cacher une grande tristesse et des pensées suicidaires.

On peut aider une personne suicidaire sans être un professionnel dans le domaine du suicide.

Réalité : Au quotidien, dans ses relations avec son entourage, chaque personne peut aider un proche confronté à la souffrance, avec les moyens dont elle dispose et en respectant ses limites. Savoir reconnaître les signes avant-coureurs, ouvrir le dialogue et trouver des solutions satisfaisantes pour la personne sont autant de façon de soutenir un proche. Avec de l’ouverture, de la compréhension et de l’entraide, il est possible d’éviter que soit posé un geste irrémédiable. Cependant, qu’on soit un professionnel ou un proche, la même règle s’applique : on ne doit jamais rester seul avec le problème. Il faut se faire aider. La ligne 1-866-APPELLE offre du soutien aux personnes inquiètes pour leur entourage.

Parfois, les personnes qui menacent de se suicider veulent attirer l’attention ou manipuler.

Mythe : Il faut toujours prendre les menaces de suicide au sérieux. Elles sont toujours des appels à l’aide. On doit aussi faire attention aux menaces à répétition et à celles qui s’étendent sur de longues périodes de temps. La répétition du message peut avoir l’effet de l’homme qui criait au loup, c’est-à-dire de désensibiliser l’entourage face à l’importance de la situation.

Quelques statistiques

 

Pour l’ensemble du Québec

  • Chaque jour, au Québec, 3 personnes s’enlèvent la vie.
  • En 2016, selon les données provisoires disponibles, 1 046 personnes sont décédées par suicide.
  • Les hommes représentent plus de trois quarts des suicides (803 hommes et 243 femmes en 2016).
  • Pour la période de 2014 à 2016, le taux de suicide des hommes et des femmes augmente avec l’âge pour atteindre un sommet chez les personnes âgées de 50 à 64 ans.
  • En 2014-15, on estime qu’environ 28 000 Québécois et Québécoises (0,4 %) de 15 ans et plus ont fait une tentative de suicide au cours des 12 derniers mois. (Femmes : 0,5% – Hommes : 0,3%). Selon ces données, on estime qu’environ 76 personnes tentent de s’enlever la vie chaque jour.

Dans notre région (Mauricie-Centre-du-Québec)

  • Le taux de suicide en Mauricie et du Centre-du-Québec est significativement plus élevé que le reste du Québec avec un taux de 16,1 décès par suicide par habitant comparativement à 12,1 pour l’ensemble du Québec. Cette réalité représente environ 80 décès par suicide annuellement dans la région. 
  • Les plus récentes données démontrent une stabilité du taux de suicide pour la région bien que celui-ci demeure supérieur à la moyenne provinciale.

Sources

Levesque, P., Gagné, M., Pelletier, É., Perron, P. A, & Tessier, M. (2019). La mortalité par suicide au Québec : 1981 à 2016 – Mise à jour 2019. Québec, Bureau d’information et d’études en santé des populations, Institut national de santé publique du Québec. 25 pages.

CAMIRAND, Hélène, Issouf TRAORÉ et Jimmy BAULNE (2016). L’Enquête québécoise sur la santé de la population, 2014-2015 : pour en savoir plus sur la santé des Québécois. Résultats de la deuxième édition, Québec, Institut de la statistique du Québec, 208 p.